vendredi 1 juillet 2016

Le chalet

Hier matin, en descendant du RER à la Défense je vois que j'ai reçu un SMS de papa. Je l'ouvre:

"Catastrophe. Le chalet a brûlé cette nuit frappé par la foudre. On est sous le choc".



Assez dur à assimiler dans un premier temps, assez dur à réaliser aussi.
Mais c'est ainsi: le chalet qui était un peu la maison de famille, construit dans les années 50 à l'emplacement d'une petite dépendance, agrandi deux fois, dans lequel j'ai passé au moins un mois et demi de vacances par an quand j'étais enfant...nous n'y retournerons plus, en tout cas il n'existera jamais plus tel qu'il était.

Tant de souvenirs dans cet endroit tranquille, reposant, dans ce bel environnement. Papy et Mamy, les apéros sur la terrasse, notre enfance, tous ces gens qui séjournaient régulièrement au chalet Rémy.
La neige et le froid l'hiver, le soleil brûlant l'été, l'air frais et le bruit des torrents, les sapins, les plaques d'ardoises, les cerisiers (qui n'existaient plus), les framboisiers, les myrtilles.
Les promenades dans la montagne, dans les forêts de sapins, les clôtures électriques, le terrain parfois marécageux, les vaches et leurs cloches, le mont Joly,  les parties de ping pong, les pistolets jouets d'enfant, les Super Picsou lus et relus années après années.

Les voitures et les chaînes l'hiver, les skis, les casiers, le calme sur les télésièges, la vue sur les pistes immaculées, le faux plat des bosses, les "oeufs" en plastique colorés et le téléphérique (maintenant complètement vintage) rouge.

Et le chalet, dans ces moindres détails, même des petits détails: le bruit du coucou, le bruit des portes de placards, des fenêtres, les bancs et les meubles en bois.

Il restera tous ces souvenirs.


J'ai pris ma dernière photo du chalet cet hiver. Vu de derrière avec le Chalet Rémy à droite qui heureusement n'a pas brûlé. Et cette belle vue sur le mont Joly.

La nouvelle voiture 4 x 4 aura servi un hiver...




Pas de Bordeaux

Voilà un moment que je souhaite quitter la région parisienne, souvent étouffante de monde et usante dans la vie quotidienne, quoique très belle.

Ce ne sera pas encore pour cette fois, pourtant l'occasion était quasi unique: un poste à Bordeaux, dans un groupe de BTP assez gros mais"familial" et donc sans la déformation actuelle de tous les grands groupes qui se "vendent" auprès des actionnaires.
Pas d'externalisation des compétences, les mains dans le camboui et la diversité des tâches, la même vision des choses, le pragmatisme, ces aspects que l'on ne trouve plus actuellement dans des grands groupes. Je m'y voyais bien.
En plus ils me laissaient de la souplesse sur le planning de déménagement, et le moment était idéal pour Lisa.

Une maison à Cestas, un lieu dans lequel on pourrait se croire en vacances toute l'année, 30mn de trajet au lieu de 1h, donc 1h de gagnée par jour aller-retour. Arcachon et l'océan à 30 ou 40 mn, enfin une maison, des températures plus clémentes, un changement de qualité de vie.

Mais les choses ne sont pas toujours aussi faciles, un déménagement en province n'est pas une mince affaire, et quand on est en famille cela devient encore plus compliqué. Il y a de nombreuses tâches qui peuvent faire peur au moment du déménagement. Et partir en province implique aussi quelques concessions en terme salarial. Et trouver du travail intéressant pour les deux.
En plus, avec la famille à Paris, le cap est difficile à franchir.

Alors, après de longs mois a réfléchir, faire des simulations, aller sur place, visiter des maisons et choisir un endroit, après quelques conversations téléphoniques et entretiens (mon premier entretien a eu lieu le 10/02...), après réflexion, la balance ne penche pas du bon côté: il faut que toute la famille veuille y aller et ce n'est pas le cas.

Bien sûr, pas facile à accepter, car au delà de ne pas aller à Bordeaux, ce qui n'est pas dramatique, je pense et je sens surtout que l'on ne partira jamais de Paris.

Par ailleurs je doute très très fort de retrouver un tel poste, en Province (et même à Paris d'ailleurs).

Car dans les grands groupes nous savons trop ce qui nous attend à terme: regroupements, déménagements des équipes de services dans des banlieues pas parmi les plus huppées, réorganisation, hyper spécialisation: la tendance est la même presque partout: objectif productivité, coûts déplacés sur les lignes "externes" (quoique du coup souvent plus cher!), perte significative de la diversité des tâches et de l'intérêt des postes, jugement et mesure sur des indicateurs chiffrés qui ne veulent le plus souvent rien dire et peuvent d'ailleurs facilement être "déformés" par nos partenaires externes ou par des collègues plus soucieux du paraître que du vrai résultat, de plus en plus de "livrables" à faire en powerpoint et autres documents redondants, mais sous 36 formes différentes, qui font que l'on a plus assez de temps pour le travail de fonds. Encore que certains individus (en général payés fort chers d'ailleurs) sont tout à fait à l'aise dans ce brassage d'air qui consiste à produire du vent, très joli, mais du vent quand même.

Alors certes pour l'instant ma situation est confortable à défaut d'être passionnante mais j'ai encore au moins 20 ans à travailler...

Aujourd'hui et après avoir attendu de nombreuses semaines, j'ai appelé mon correspondant pour lui dire. Il a semblé très déçu et m'a demandé si je ne pouvais pas encore y réfléchir en famille et tenter une dernière fois de convaincre.

Mais il ne faut pas forcer les choses et un moment donné acter d'une décision même si ce n'est pas celle que l'on aurait souhaité.

Donc pas de Bordeaux et pas de nouveau travail,..

Banc d'Arguin vu depuis la dune de Pilat